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  • esere5

Immersion dans un cercle de tambour.

Tout d’abord merci à S…. pour l’information !

Jeudi soir 31 août, pleine lune, la lune « bleue » agissant sur l’aspect émotionnel. Pas envie de rester en mode lobotomisé devant la télévision, c’est parfait pour moi, j’appelle…

L’échange est très cordial et je me sens accueilli. Je m’entends demander si les hommes sont les bienvenus, mon interlocutrice paraît un peu surprise par ma question, et moi aussi. Tous les voyants sont au vert, je n’ai plus qu’à attendre le jour et l’heure de départ, ce qui se fera sans sentiment d’impatience ou d’attente (j’adore vivre tous ces moments particuliers).

Donc le jour J, à l’heure H (j’aime bien être ponctuel), après avoir utilisé Waze pour me guider n’ayant pas observé de signaux de fumée dans le ciel, je me gare devant un petit bois au fond d’une impasse. Une femme descend du van positionné juste devant moi. Mon remarquable sens de l’observation m’indique qu’elle vient participer à cette soirée, elle aussi. Bon d’accord elle a un énorme sac de forme circulaire accroché à son épaule gauche, je sais bien que c’est un tambour. Toujours dans mon véhicule, je lui souris dans le but de créer du lien et soucieux de ne pas passer pour une sorte de pervers je me dépêche d’attraper mon instrument pour qu’elle puisse comprendre la signification de mon allant à son encontre (euh je parle de mon tambour). Un grand merci à D. pour la confection parfaite de sa housse .

Nous échangeons quelques mots et je la suis, content de ne pas arriver seul en terre inconnue. Nous traversons un petit sous-bois avant d’arriver à une grande yourte blanche. Mon regard est attiré par des mouvements à ma gauche. Plusieurs personnes sont installées sur des rondins de bois, autour d’un feu de bois aux flammes peu élevées. Le feu c’est « grand-père », tout est vivant ici.

 Il reste des pièces de bois inoccupées et, après avoir chaleureusement salué les personnes présentes, je m’installe sur un des sièges, on ne peut plus naturel, qui s’est avéré d’ailleurs très confortable.

Mon premier tour visuel se confirme, après quelques minutes d’attente au cours desquelles les derniers participants arrivent, plutôt les dernières participantes car je vais être le seul représentant de la gente masculine. Je comprends mieux la raison de mon questionnement téléphonique…

Tout le monde est installé et la maîtresse de cérémonie est très souriante et accueillante et en même temps je sens une forme de force et de droiture juste derrière.

15 tambours se préparent à vibrer en même temps et cette pensée me ravit. Certains sont déjà entre des mains d’autres sont posés, debout près du feu, pour tendre la peau et avoir une meilleure sonorité. Il y a de toutes les tailles, avec des textures de peau également variées, ici rien ni personne n’est stéréotypé et tout est accepté. J’ai attrapé le mien et je le garde près de moi impatient de commencer. POM….un 1er coup frappé en douceur lance le démarrage de la soirée….POM POM…..ces 2ème et 3ème vibrations sonores posent un rythme lent et doux et les autres tambours s’accordent petit à petit pour ne faire plus qu’un son. C’est agréable. J’ai une petite pensée pour un éventuel voisinage à proximité mais cette pensée s’évacue rapidement au bénéfice de l’atmosphère qui se crée au fur et à mesure du rythme qui dissout les pensées. La soirée est douce et les bûches agencées de manière à ce qu’il vive tranquillement animant des flammes peu élevées et rougeoyantes.

Quelques images des cérémonies vécues au Pérou me reviennent de temps en temps faisant lien avec ce moment.

Après quelques minutes de « chauffe », il nous est proposé de travailler par deux. La personne à ma droite se tourne vers moi et d’un accord commun nous nous écartons de quelques mètres du cercle. C’est une habituée de l’endroit et elle se propose de débuter. Je pose une intention de travail en profitant de cette lune spéciale pour demander une libération des émotions intériorisées. Je me tiens droit, relâché et je ferme les yeux et POM POM le 1er son surprend toujours un peu et le 2ème m’emmène déjà à me centrer sur mes ressentis.

 Le rythme de ce tambour est régulier, il accélère un peu puis encore. Je le sens qu’il tourne autour de moi, des pieds à la tête ou de la tête aux pieds….Chaque vibration résonne sur ma peau et une sorte d’écho pénètre plus profondément sans que je puisse dire jusqu’où. C’est comme lorsqu’une goutte d’eau glisse d’une feuille d’arbre et touche la surface plane de l’étang quelle surplombe, le contact du centre est une petite explosion suivie par ces cercles concentriques qui s’affinent au fur et à mesure qu’ils s’en éloignent.

Je me laisse aller par ce mouvement circulaire et je me sens bien. Je prends une douche de son qui me nettoie de tensions accumulées, souvent non perçues, et chaque coup m’emmène un peu plus vers la détente. Puis le son s’arrête….déjà….pas d’émotion particulière mais du plaisir à vivre ce moment….merci !

Vient mon tour en nourrissant mon son de l’intention de la personne. Comme pour les soins énergétiques la pensée nourrit l’action. Je me concentre et débute en me laissant aller à une accélération de rythme. Après quelques secondes, la personne baille, je me dis que soit elle évacue soit elle connecte, je continue encore et elle oscille lentement comme une herbe sous une petite brise. Je termine, elle ouvre les yeux et me dit « et bien dis donc ton tambour c’est l’orage ! ». Mon esprit enfantin s’active immédiatement et je m’attribue de suite ce nom qui me plaît vraiment Tambour de l’Orage.

Je regarde autour de moi et certains duos ont terminé, d’autres sont encore en lice. Chacun(e) a sa façon de jouer et de recevoir. Je perçois un aspect brut presque un peu animal chez une participante, chez une autre de la douceur…une traduction de qui on est.

Nous changeons de partenaire et là c’est moi qui commence. Je ne vis pas la même chose, peut-être parce que l’intention posée est différente. Je termine et la personne me livre être partie petit à petit comme si elle venait de réaliser un petit voyage. Elle confirme la sonorité du tambour, je garde mon nom.

Je reprends ma place de « sujet » tout en posant la même intention, ok je suis un peu obstiné. Et là c’est différent. POM….POM..POM…………POM le rythme est haché, décousu. D’abord un peu surpris je me rends compte que je perds mes repères au fur et à mesure de ce non rythme. Je ne sais plus où est le tambour, je vibre derrière, sur le crâne, puis sur la hanche….POM….POM POM la mailloche se pose sur mon cou, un autre sens s’éveille POM le son remplace le toucher, le ressenti éloigne le son….2ème toucher de mailloche….POM ça repart. C’est une danse ! POM….POM qui hélas s’arrête….gratitude. Je livre mon vécu et la personne me livre que c’est la 1ère fois qu’elle joue de cette manière. Alors si c’est individualisé en plus !

Nous nous regroupons sur le cercle, autour du foyer chaleureux, le ciel s’est assombri et la baisse de luminosité intensifie la sensation de regroupement et d’intimité. Un nouveau rythme se pose et tout le monde s’accorde immédiatement, c’est fluide. Après quelques secondes s’élève une voix qui s’immisce à travers les vibrations des tambours. Une voix puissante et douce à la fois, un chant indien, envoûtant et qui vient immédiatement réveiller une fibre de reliance au niveau de mon cœur. J’ai toujours été l’indien face au cowboy, l’arc face au fusil, le feu sauvage face à la cheminée en pierre et je le ressens là, à cet instant. Que c’est plaisant !

Les morceaux se succèdent et nos vois s’entremêlent. Parfois je joue et j’écoute juste tellement les voix de toutes ces femmes sont belles et unies, comme si j’étais un peu un intrus à certains moments. Je suis ravi.

La soirée s’étire et certains tambours ses taisent sur le dernier chant. Je suis toujours là et je me rends compte que j’effectue un petit contre rythme complémentaire à celui qui prédomine. Je le tiens et l’affirme, je me sens bien, j’ai trouvé ma place.

C’est terminé, une chouette hulotte accompagne la nuit en exprimant sa présence. La lune s’est levée et brille fort et l’air s’est rafraîchit.

J’aimerai que la soirée s’étire encore un peu pour profiter de cette sensation de sérénité et lorsqu’il nous est proposé, pour ceux qui le souhaitent, d’aller se réunir dans la yourte, je ne me pose pas de questions. L’intérieur est vaste, l’atmosphère feutrée et chaleureuse alimentée par la lumière vacillante de nombreuses bougies et les fragrances d’encens qui emplissent les narines. Je m’installe sur un coussin confortable et j’ai juste envie d’être là sans parler. J’écoute, je regarde, je sens et je prends le temps de nourrir ce bien être intérieur.

Juste avant de partir un partage sur la culture indienne s’enclenche avec cette incompréhension, pour certains d’entre eux, de notre intérêt pour leur culture après que l’homme blanc l’ait longuement combattue pour tenter de l’éradiquer. Aujourd’hui nous l’utilisons, la déformons sans pouvoir accéder à l’essence même de ce qu’elle représente. Oui certainement, mais c’est aussi une porte d’accès à une autre approche de notre rapport aux autres, à la vie….cette notion d’animisme, cette idée que tout est vivant inspire un respect à ce qui nous entoure et fait prendre du recul sur notre vie accès sur le consumérisme.

Une belle soirée qui n’a pas été placée sous le signe de la libération d’émotionnelle comme je l’avais posé mais ô combien apaisante.

Je vous mets en lien une chanson qui reflète plus l’atmosphère de la soirée et le type de chants présents que le rendu des tambours, un petit plus à vous partager.

Bonne fin de weekend à tou(te)s.

Emmanuel



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